Petit point sur les équipements de survie
Si pour les vols au-dessus de notre beau territoire français on se limite à l’emport de la balise ELT, il est également bon de se rappeler que des équipements supplémentaires peuvent (doivent) être emportés lors de vols spécifiques (survol de l’eau, territoires désertiques, …). Dans ce poste je vous présenterai plusieurs types d’équipements (et des normes associées) que j’ai classé par ordre d’utilisation (que l’on pourrait citer comme étant chronologique), à savoir :
- Ceux qui peuvent vous aider à vous sortir d’une situation délicate,
- Ceux qui vous aideront à rester en vie en attendant les secours,
- Ceux qui permettront d’être retrouvés par les secours. Les outils sont différents, mais l’ambition est finale est la même: revenir à la maison en (relative) bonne santé. Suivant les zones survolées, la durée estimée d’une possible attente des secours, etc. le choix du matériel et des rations sera différent.
Petit rappel sur la survie
Un petit peu de théorie.
En vol, le pilote applique la règle simple « Piloter, Naviguer, Communiquer » afin de gérer ses priorités. Cette organisation peut se transposer facilement à la survie en respectant l’ordre des priorités immédiates à des priorités à plus longs termes. Dans les priorités immédiates (quelques secondes à quelques minutes), on peut citer:
- S’extraire de la carcasse,
- S’éloigner du(des) danger(s) et s’en maintenir à l’écart,
- Se soigner au moins temporairement.
Dans les priorités à moyenne échéance (au plus tôt après la gestion des priorités immédiates):
- Mettre en place les moyens pour se signaler.
- Mettre en place les moyens pour économiser son énergie / maintenir sa santé.
- Mettre en place les moyens pour assurer ses besoins élémentaires.
Dans les priorités à plus long terme:
- Assurer son confort (relatif) face aux éléments.
- Garder le moral
En ce qui concerne l’alerte, la priorité est variable dans les premiers instants mais reste une priorité forte dans tous les cas. Cependant assurer votre survie immédiate avant d’essayer de communiquer / d’alerter.
Les besoins élémentaires
Si on détaille les besoins élémentaires pour rester en vie, les priorités sont (par ordre de priorité):
- Se protéger de la température (froide ou chaude) L’hypothermie et l’hyperthermie peuvent tuer en quelques heures.
- Boire
Un être humain à de fort besoin en eau. Au delà d’une journée sans eau la réflexion devient difficile et vos choix de moins en moins judicieux tout en ajoutant les hallucinations visuelles et auditive. - Dormir
Un être humain à besoin de dormir, le manque de sommeil perturbe l’attention et la réflexion. Cependant, pour dormir l’humain à besoin d’être dans un “relatif” confort. Je parle là pour des personnes “normales” n’étant pas expertes dans les cycles de micro-sommeil, yoga et autres techniques de récupération. - Manger
On peut tenir plusieurs jours sans manger, cependant si vous êtes dans des conditions difficiles, attention à l’épuisement.
La mise en place des moyens de survie permet d’assurer, à peu près, les deux derniers niveaux de la pyramide de Maslow (besoins physiologiques et de sécurité) et les premiers niveaux des besoins (selon le modèle de Virginia Henderson).
La gestion des priorités immédiates
L’extraction de l’appareil
Suite à l’accident (ou l’incident), votre priorité de l’instant est de sortir de l’appareil le plus rapidement possible et ceci dans toutes les configurations possibles (de nuit, sur le dos, sous l’eau…).
Dans ces cas-là, c’est bien souvent le “sang froid” qui fait la différence. Pour garder le sang froid, l’entraînement est une bonne chose.
Si vous volez rarement dans des zones délicates, il n’est peut être pas nécessaire de faire un entraînement régulier (au regard de la probabilité d’incident). Si par contre vous volez régulièrement en hydravion, faite des vols au-dessus de territoires hostiles… savoir s’extirper sans trop de panique d’un appareil qui est dans une situation inusuelle est un réel plus.
Pour vous sortir rapidement d’un appareil, il n’y a pas de secret. Il faut connaître les lieux où se trouvent les issus et les moyens d’évacuations (poignée de portes, verrous de ceinture,…). Ce sont des gestes à connaître par cœur et qu’il faut “armer dans son cerveau” lors de la préparation du vol.
Ces gestes doivent rester simple : par exemple pour trouver la poignée d’une porte qui est sur notre gauche on peut suivre sa jambe gauche jusqu’à son genou et remonter le long de la paroi.
Pour déboucler sa ceinture, on peut remonter de sa cuisse jusqu’à son ventre et suivre la ceinture jusqu’au moyen de déverrouillage lorsqu’on l’a identifié. Ouvrez la porte et assurez-vous de vous tenir à une référence connue (un montant de porte par exemple) avant de vous détacher, ainsi vous restez toujours dans une position connue (qu’importe que vous aillez la tête en bas, la porte sera toujours au même endroit pour vous).
Une fois sortie, pensez également à assurer votre sécurité avant d’assurer celles des autres, notamment si vous êtes le plus expérimenté (ce n’est pas pour rien que les consignes des avions de transport sont de mettre votre masque à oxygène avant d’aider les autres).
L’idée étant de ne pas s’éloigner démesurément de la carcasse, mais de se tenir éloigné du risque qu’elle représente (la carcasse peut sombrer, le feu…). Tant que la carcasse ne présente pas de risque particulier, il est préférable de se rapprocher de celle-ci. En effet, elle offre bien-souvent une surface visible qui facilite les recherches et un abri face aux éléments (notamment dans les régions froides et désertiques). En mer, dans certains cas, l’appareil peut ne pas sombrer immédiatement ce qui permet de rester en dehors de l’eau plus longtemps, diminuant ainsi les risques d’hypothermie. Cependant, il est préférable de ne pas retourner en cabine, la carcasse pouvant décider de sombrer et de vous entraîner avec… Dans tous les cas, en mer, placez votre gilet de sauvetage ou votre dispositif de flottaison et gonflez-le hors de l’appareil.
Si vous avez passé des qualifications secouristes, rappelez-vous qu’un bon secouriste est avant tout un secouriste qui reste en vie…
Quelques outils utiles:
En ce qui concerne les outils pour vous aider dans cette phase, il n’y en a pas tellement, mais on peut citer:
- Le coupe ceinture
Il peut arriver que la ceinture reste verrouiller.
Si vous êtes dans un appareil en bon état et qui ne présente pas d’autres risques, cela ne pose pas trop de soucis. Si le feu ou l’eau s’en mêle, la situation devient alors rapidement délicate et la ceinture qui vous à certainement sauvée la vie devient un ami mortel…
Pour couper la ceinture, on peut bien évidemment utiliser un couteau. Cependant, manier un tel outil dans un environnement confiné et dans une posture inadéquate n’est pas évident.
Le mieux est de se procurer un “coupe ceinture”. C’est un petit objet de quelques centimètres et grammes. Vous pouvez le placer là où vous juger son emplacement le plus adéquat (porte-clefs, velcro sur le gilet de sauvetage…). Le tout est que vous sachiez où le trouver et comment l’utiliser.
En principe, ce genre de dispositif ne devrait pas poser de soucis lors du passage aux postes de sécurité aéroportuaire (enfin, on ne sait jamais). Vous pouvez facilement en trouver dans les magasins pour automobile ou sur le net.
Pensez que dans une situation de stress intense, votre cerveau ne réfléchit pas, ce sont vos muscles (réflexes) qui agissent avant tout (on parle aussi de mémoire musculaire). Typiquement, dans une situation de panique vous pouvez essayer de chercher à déverrouiller votre ceinture en utilisant la même technique que celle de votre voiture. Si l’avion est équipé d’un modèle identique (comme on en trouve dans les TB10, TB20), cela sera parfait. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez passer plusieurs dizaines de secondes à chercher le moyen simple de déverrouiller la ceinture (et vous enfermer dans un effet tunnel). - Le Spare-air © ou HEED (Helicopter Emergency Egress Device) ou Emergency Breathing System (EBS)
Si vous voyagez au-dessus de l’eau, notamment de nuit, ou lorsque celle-ci est froide, vous pouvez rapidement vous trouvez à bout de souffle avant d’avoir trouvé la sortie. Vous pouvez investir dans une mini bouteille de plongée qui vous permettra de tenir quelques minutes en plus sous l’eau. On retrouve bien souvent ce système dans les hélicoptères (qui ont une procédure d’évacuation particulière).
Ces équipements sont définis par l'ETSO-2C519 depuis juillet 2020. Avant il était souvent fait référence à une certification CAA (autorités anglaises) via le CAP1034