La saga des troya - Les Origines
« Le nom Détroyat n’est pas un dérivé de Troyes » : Cette presque affirmation soutenue depuis les recherches effectuées au courant des années 1980, doit céder le passage aux découvertes, faites sur des textes écrits en vieux Français, dont la pratique est arrivée avec Monsieur Yves Arrigoni, capable de traduire ce vieux français du 5ième, au 16ième, en Français d’aujourd’hui. Au fur et à mesure de la dépouille des actes authentiques, presque tous découverts aux archives des Notaires, je commençais, à me rendre compte que cette origine dite de Troyes pouvait s’appliquer, avec les connaissances de textes écrits dans cette langue, mais surtout en Dauphiné. Les vingt ans passés par Louis XI et sa cour en ces lieux n’y sont certainement pas pour rien, comme ils ne sont certainement pas étranger à ce langage, pratiqué part la noblesse Dauphinoise, et leur futur Roi Louis XI, puis en firent l’usage pendant des siècles. Les offices ou études notariaux de toute la région de Grenoble à Valence et Lyon, utilisèrent cette langue, tout en convenant dans cette période, que ses derniers usages plus campagnards, le Patois local, était utilisé journellement, enfermant ces villages dans des situations d’ilot linguistiques pas forcément de mêmes sources. Ce patois sera également influencé par le Latin, le Provençal et le Piémontais.
Cette richesse de provenances, lui fut fatale, dès l’application du vieux français de Tournai, vers la fin du 14ième siècle qui devait unifier le langage français. Aujourd’hui située sur le sol Belge, Tournai resta très influente depuis le 5ième siècle, capitale des rois Mérovingiens siège des Rois Francs d’où descend le vieux français. Dès ces connaissances acquises, l’on peut, resserrer le terroir à un patronyme de la région du vinay situé au sud de la région Lyonnaise, entre Grenoble et Romans, et plus particulièrement Varacieux, Murinais, Quinsivet, St.vérand, St.Marcellin. La paroisse de Quinsivet réunie avec St.Vérand au moment de la création des communes Françaises n’existe plus aujourd’hui ; ce nom vient en premier et surtout, d’un lieu-dit troya foity, situé aux confins de ces deux paroisses et de celle de Varacieux.
Les premières données trouvées, n’étaient pas nombreuses. À vrai dire la toute première rattachait le nom à une origine sans fondement. Je n’ai jamais pu rapprocher ce nom, soit du mélange latin/langue d’Oc, fournissant la plupart des constructions d’un mot dans cette région du Dauphiné, creuset, aux confins de bien des cultures, ou d’anciennes civilisations allant jusqu’à la Ligurie, ou bien plus près de nous le Piémont.
Fusions, fournissant, mêlées au Provençal, les patois locaux.
À cette époque de mes recherches, Détroyat était relié avec l’appartenance du mot « fainéant ». Je n’ai jamais pu faire le rapprochement avec quoique ce soit sur ce sujet. Cette attribution me semble gratuite. Insatisfait, je continuais mes recherches.
Je trouve alors un rapprochement plus structuré, auquel j’adhère, du moins, avant de pouvoir trouver autres choses.
Puis un jour, je trouve dans un manuel spécialisé dans les origines des patronymes, une présentation plus satisfaisante : Détroyat proviendrait d’un verbe d’ancien français « destroier » voulant dire, presser, serrer, détruire. Son participe signifiant abattre.
Partant de ces données, je trouve son homonyme dans la langue anglaise. Nous savons que la langue de Shakespeare est bâtie de très nombreux mots de français, d’origine Girondine ou d’Aquitaine, si nous les retirions, les Anglais ne se comprendraient plus !
Rien de surprenant que l’homonyme se trouve là : « to destroy » et son dérivé « destroyer », ou contre-torpilleur. Là, nous associons bien l’idée de force et de destruction, mais ce n’est pas tout.
Je revenais sur le latin où je trouvais deux mots : DESTRUGGERE et DESTULI signifiant aussi détruire. Je pouvais donc être satisfait, mais cela sera sans compter sur les surprises généalogiques ; car cette analyse reposait sur la dissection du nom Détroyat tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Seulement sa véritable origine est bien autre.
Pendant ces dix années qu’inlassablement j’ai cherché, aidé de ma femme, j’ai eu la chance de trouver aux archives de St.Vérand, (Isère), des actes de naissances ou de mariages cruciaux et fondamentaux.
Par exemple : Le 25/10/1634, fut le jour du baptême de Gaspard Chabert, fils de Jacques Chabert ayant eu pour mère Anne troya foity née en 1602, ce, en la paroisse de Quinsivet. (troya sans T majuscule). Plus aucun doute, le rattachement avec le lieu-dit que je cite plus haut est avéré, mais ce ne sera pas tout.
Vers 1565 le père d’Anne se nommait Pierre de troya foity, (sans majuscules aux deux noms et sans le t final de troyat). Nous savons depuis les traductions d’Yves Arrigoni qui me rejoindra en 2005, ce manque de majuscules est courant sur des actes antérieurs au 17ième siècle.
Considérons donc que cette absence ou présence soit purs renseignements intellectuels n’apportant rien à l’origine du nom. Soulignons tout de même les remarques suivantes :
Vers 1597, la naissance de Gaspard de troya foity, fils de Pierre et frère d’Anne dans cette fratrie. Pendant toute cette précédente période le nom s’écrira sans majuscule. C’est en 1635 qu’apparaîtra le premier T majuscule de Troya, (Mais nous savons aujourd’hui qu’une autre écriture était présente nous le verrons plus loin), le t final, apparaîtra entre 1597 et 1687, nous verrons également pourquoi plus tard.
Nous trouvons alors, quatre écritures différentes, voire 5 : de troya du foity, de troya foity, de Troya et de Troyat vers le début du 17ième et Des Troyat avant 1500. L’écriture du début du 17ième est confirmée par un acte de prise en charge de la paroisse de St.Vérand par le curé Gaspard de Troyat du foity, expliquant dans son entête d’ouverture du registre paroissial, la façon d’écrire son nom, mais qu’il choisira comme nom de prêtre, seulement Foity, mais avec un f majuscule. Pourquoi ?
Un édit royal concernant les noms, allait l’influencer. Pendant la dizaine d’années qu’il va officier, tous ses actes seront signés : GdT (entrelacés) Foity curé. Cet homme descendant d’un mariage unissant sa mère de noblesse Dauphinoise : Les Perrières de Grand-Maison, sait de quoi il parle. Nous verrons pourquoi et comment un peu plus loin, en remontant à la fin du 15 ième siècle.
L’origine des patronymes, doit souvent sa racine au rattachement d’un lieu-dit ou d’un sobriquet. Pourquoi ? La chose est simple : Louis XIII, poussé en cela par Richelieu voulant établir une administration de contrôle que nous appellerions de nos jours identitaire, fera prendre au roi, des édits intimant l’ordre aux curés des paroisses de France, de faire porter aux baptisés, non seulement un ou plusieurs prénoms venant des Saints, mais aussi et surtout, un patronyme tiré du lieu-dit, du surnom, ou de tout autre nom laissé à leur convenance, en créant aussi un registre obligatoire et paroissial, où ce nom deviendra le seul a pouvoir être utilisé pour la descendance. Nous comprenons pourquoi Gaspard de Troyat du foity, va choisir le lieu-dit foity pour son nom de prêtre, sans pour cela abandonner le début de son nom, Gaspard de Troyat, qu’il condense en GdT.
C’est donc au début des années 1600, que l’on voit des majuscules apparaître à tous les noms des registres paroissiaux. Ce n’est pas non plus la seule raison, certains achetant un titre nobiliaire, qui lui est déjà porteur d’une majuscule. Nous savons depuis peu qu’avant 1505, il existait des ancêtres, dont le nom s’écrivait Des Troyat, puis après un mariage de 1505, Des Troyat de la Valoursière. Nous verrons le détail plus loin.
Après ces arguments de connaissances du problème, revenons à ce que nous savons depuis peu comme s’il s’agissait d’une parenthèse pour ce que je précise. Faisons donc la liaison avec le probable lien avec Troyes et Troyat. La différence est seulement la fin du nom, l’at, correspondant avec es de la finale du nom de Troyes, nous savons qu’à cette époque très ancienne de l’attribution du nom à une personne venant de nulle part, s’installant sur des terres cédées par le Seigneur du coin, dans le but de défricher pour s’installer, prendra souvent le nom inspiré par le lieu lui-même ou celui du voisin le nommant à sa façon, d’où l’at pour l’es des deux finales. Cette constatation n’est pas que pure imagination, mais est très étayée par les noms qui suivent en servant de preuves. En Dauphiné l’at est forme plurielle dans le patois d’origine. La mixtion des deux principes va donner ceci comme exemples :
Les glèbes = Glénat : en patois : creux vallonnés.
Les cailles = Caillat : le pré des cailles.
Les férouilles = Férouillat : herbes couleur de la rouille.
Les forêts = Férat : bois ou forêts.
Les périoles = Périolat : perdrix.
Les chaves = Chavat : creux humides.
Les magnes = Magnat : mûriers.
Troyes = Troyat nom de famille.
Etc.
Des centaines, voire des milliers de Noms peuvent trouver leur origine en appliquant cette règle, qui déborde du Dauphiné vers l’Auvergne, un peu moins pour la région Ardéchoise, coincée entre les Monts du Vivarais et de la Vallée du Rhône à l’est, ouvrant le sud à l’influence Provençale.
Il est temps de voir puisque nous y sommes, comment à la fin des années 1400, le nom s’écrira Des Troyat. Puis dès 1515, s’écrira pour une famille : Des Troyat de la Valoursière. La Valoursière à l’origine du nom, est une maison ou certainement une gentilhommière, appartenant à un Sire. Sire avant 1500 n’avait pas au cours des siècles le même sens, où il distinguait pratiquement le roi ou les hommes de sa famille.
Avant 1500 le Roi se faisait appeler Votre Majesté. Sire était donc réservé au gens de rang d’une façon plus générale. On voit également à la même époque en Angleterre l’utilisation du mot Sir (Sans e.), ayant pourtant la même attribution. Donc, avant 1510, un nommé Sire de Valours, unit une de ses filles avec un Des Troyat du Foity.
Ces renseignements sont issus d’une patiente recherche, faite en collaboration avec Yves Arrigoni de Villefontaine, certifié spécialiste en vieux français des actes notariés écrits avant le 16 ième siècle, qui a bien voulu que nous travaillons ensemble sur ce sujet.
La Valoursière étant à mon avis, (mais pas seulement), un manoir fondé par Sire de Valours, mais nous retrouvons souvent ce genre de transformation, lorsque c’est une fille-héritière qui se marie, son père souhaitant conserver son nom sous cette forme. Exemple parmi tant d’autres : pour mademoiselle Caillat, qui épouse un Des Troyat : le nom global devient : Des troyat de la Cailladière, (Communes au nord de St.Marcellin, avec d’autres : une damoiselle de Bourrel, qui devient la Bourrelière).
Bien plus tard, au début des années 1700, nous trouvons toute une famille s’écrire Détrouia, (Prononciation patois de détroyat), pourtant le père est écrit Détroyat en tête de ses enfants sur le registre paroissial. Ce cas rare mais pas unique est dû à l’écriture phonétique du nom, prononcé en patois par le père, le curé le transcrivant également en patois. Cette anomalie, nous à fait cherché pendant des décennies le maillon manquant de cette époque, reliant la branche de Bayonne à celle du Dauphiné et plus précisément St.Marcellin.
On le voit également écrit dans la même période Détrouyant. (Autre prononciation de ce patois).
Il faut tenir compte pour se faire une idée précise de ces changements, qu’entre le 13ième et le 16ième les prêtres très nombreux du fait de la multitude des paroisses réparties bien souvent pour moins de 100 habitants n’avaient guère autre chose pour se comprendre que le patois.
Nous pouvons également noter, que le son Des, se trouve transformé par le son Dé qui restera jusqu’à nos jours. Une autre raison est également invoquée, celle de rendre Des Troyat, ou De Troyat moins nobiliaire en l’affranchissant avant 1789 en Détroyat.
Les patronymes auront aussi une autre différenciation quand ils deviendront trop nombreux dans la même paroisse ou la région. Pour régler ce problème il y sera ajouté un sobriquet. Détroyat fera parti du nombre.
C’est ainsi que vont s’appeler certains : Détroyat dit franquet (d’où la noix franquette sa sélection) ou Détroyat dit Peyron, nom de famille de l’épouse, puis, avec le temps : perron, puis peron ; ou dit le do ; ou dit le sinsonet ; dit le grizen ou le grisen ; ou le sautant ; pour des raisons bien mystérieuses, etc.
Il faut bien voir qu’à cette époque les Détroyat occupés 90% des terres des alentours de Varacieux, Roybon, Chasselais, Quincieux, et Chatte, St.Marcellin n’y échappant pas, avec d’autres activités que celle de la terre, notamment celle de la chamoiserie*.
Les fermes vont aussi accompagner pour le différencier le nom : Nous trouverons Detroyat des Pins ; de Quinsivet ; des Quatre chemins ; des Plans ; de Lisieux, etc.
Pour conclure disons qu’une famille aussi nombreuse a dû s’adapter ; elle le fit.
- (Traitement des cuirs et des peaux fines, dont les premiers moulins se trouvaient à St.Vérand sur la Cumane).
L’auteur : Détroyat Gilbert. Tous les droits réservés.
Etude généalogique et patronymique des noms portés par des Détroyat d’aujourd’hui. Le 19 janvier 2013.