La saga des troya - Saison 1 - Chapitre 4
Pendant l’exploitation des bois des « Quatre chemins », les fêtes de Noël ont été enveloppées par ce travail. La neige tombe souvent, mais sans former une trop épaisse couche, les travaux ont pu se poursuivre presque sans arrêt. Tous les gens sont présents, moins Charles des chevrières, s’étant réservé quelques jours sur décembre, pour ses propres travaux.
Le mas foity est bien plein en hommes, en bêtes et en matériels. Car rien ne reste dans les bois. Tous les jours, tous les outils ou les matériels sont chargés dans la carriole bâchée, qu’Henri rentre à la ferme avec les hommes n’ayant pas d’attelages ou autres contraintes d’animaux, comme les bœufs ou les percherons par exemple.
La cour et les bâtiments, sont suffisamment grands pour tout loger, sauf les quelques fois, où le voyage chargé prêt à rejoindre St.Sauveur, est, suivant le temps, laissé sur place au « chargeoir » ou descendu sur la cour, pour livraison le lendemain matin.
C’est le cas pour les fêtes de Noël 1350, il y a dans la cour un voyage de « barres », un peu encombrant, surtout quand on est habitué à cet espace propre, libre et net.
La veille de Noël il neige à gros flocons, la couche dépasse les vingt centimètres. Impossible de travailler au bois. Henri trouve quelques besognes aux journaliers et aux commis. Mais les bouviers, les charretiers et les bûcherons, n’ont pas assez d’occupations. Ils décident entre eux de décorer la cour.
Ils en glissent un mot à Henri, qui en parle à Magdelaine, qui répond à son tour en précisant :
· C’est une très bonne idée, à condition de faire avec les moyens du bord, j’insiste, je ne veux pas que l’on dépense pour quoique ce soit, nos prévisions sont ailleurs !
Avec tous les gens et le matériel disponibles, on tire des plans sur la « comète ».
Louis demande à Josette si elle n’a pas de la ficelle de cuisine pour attacher rôtis et poulets ?
· Oui j’en ai.
Elle sort un gros peloton d’un tiroir, le donne à Louis, l’ingénieux instigateur de ce projet.
· Gus … dit-il, tu peux aller me chercher au fagotier des chèvres, un fagot, dont les feuilles sont particulièrement belles. Tu prendras aussi un fagot de feuilles de châtaignier, que l’on garde pour plier les tommes.*
- Ce sont les plus grandes feuilles de cet arbre, choisies sur des rameaux de l’année ayant développés des feuilles d’au moins vingt centimètres de longueur.
· Henri s’il vous plaît, voulez-vous me donner les aiguilles servant à coudre les sacs de jute.
Henri s’exécute :
· Qu’allez-vous donc faire avec ça ?
· C’est une idée simple vous verrez.
Henri reste un peu coi, rajoutant :
· Surtout ne les perdez pas !
Gustave, dit Gus, revient du fagotier avec un échantillon de chaque essence, chêne et châtaignier.
· C’est bien Gus … Mais choisis bien les feuilles les plus grandes et les plus plates … Le moins fripées possible.
Gus repart à la recherche. Henri dans son coin, vérifiant les harnachements, surveille d’un œil, plein de curiosité.
Louis ouvre le fagot de châtaignier, pose les branches à plat devant lui et explique aux trois inoccupés restant, de bien vouloir défaire de la branche les feuilles sans les casser ou les froisser.
· Vous devez prendre le pétiole, tirer vers le bas, faites des paquets de feuilles les unes sur les autres d’environ une dizaine.
· Le châtaignier ça va, mais le chêne c’est trop petit, elles ne tiennent pas, dit Gus.
· Alors mets-les dans une corbeille d’osier.
Tous décortiquent les belles feuilles rousses et jaunes, et les font tomber dans la corbeille.
Louis défait du peloton, le bout de la ficelle donnée par Josette. Passe ce bout dans le chas de l’aiguille, en coupe environ trois « coudées »*, fait un nœud au bout.
· Voilà ce qu’il faut faire … c’est simple. … Regardez bien. … Vous prenez une feuille de châtaignier, vous passez l’aiguille à droite de la grosse nervure, vous repiquez à gauche et ressortez à droite par le même trou, en ayant auparavant, glissé la feuille au bout de la ficelle, puis vous serrez en tenant la feuille à plat. Comme ceci … (Il montre). … Vous refaite pareil pour la suivante la distançant d’une bonne main, puis vous passez la feuille de chêne … puis deux autres de châtaignier, jusqu’à avoir bien garni votre ficelle formant une jolie guirlande.
Henri stupéfait lui demande :
· Où as-tu appris ça ?
· Nulle part. Je viens d’en avoir l’idée.
· Tu m’étonneras toujours.
Henri ayant fini ses évaluations de contrôle, s’approche du groupe se racontant des histoires drôles.
· Que puis-je faire ?
· Vous prenez les guirlandes entreposées sur les coffres à grains … vous les nouez ensemble pour faire des guirlandes d’une douzaine de coudées.
· D’accord ? …
· Dis-moi … Louis … que vas-tu faire de tout ça ? … demande Henri.
· Nous allons maintenant dresser dans la cour six « barres » de châtaignier du « voyage » étant ici, il suffira de desserrer les tendeurs pour se servir. Nous allons avec ces six barres faire de chaque côté, comme pour ramer les haricots, mais bien plus grand et bien plus haut. … Sur le haut, une autre barre dans les fourches de celles reposant sur le sol. … Le tout bien attaché avec des longes à veaux et le tour est joué.
· Mais après ?
· Vous verrez…. Quelqu’un veut-il aller jusqu’au bois de pins sur le côté du « champ long », un peu plus loin ?
· Pourquoi faire ? Demandent les présents.
· Couper des branches basses sur les troncs.
· Qui vient avec moi dit Bernard un des bûcherons ?
· Moi, répond Roger, un autre bûcheron.
· Je vous accompagne avec la carriole nous les mettrons dessus. … Dit Henri.
· D’accord … combien de branches veux-tu Louis ?
· Suivant leur grosseur et leur longueur une bonne douzaine.
- « Coudée », mesure utilisée à l’époque, variant un peu d’une région à l’autre, mais en moyenne, de l’ordre d’un peu moins de cinquante centimètres.
Henri prend la carriole rentrant de Doz, venant de décharger des noix pour la prochaine mondée. Les chevaux sont encore attelés. Demi-heure après, les voilà de retour. Ils déchargent les branches de pin, dont les aiguilles sont encore couvertes de neige cristallisée.
· Maintenant au travail, nous allons dégager la cour bien plus large que ce matin.
Tous s’exécutent. Bernard desserre les tendeurs du voyage, fait tomber les chaînes. Monte dessus, fait basculer les six barres les plus droites qu’il peut voir sur ce voyage, choisit deux plus petites bien droite, les fait tomber les unes après les autres. Roger, au sol, les tire sur l’emplacement déneigé. Il aligne les pieds des plus grosses :
· À quelle longueur je coupe ?
· Dix coudées au moins dit Louis
Il mesure au pas, donne un coup de hache pour faire une marque.
· C’est assez long ?
Louis regarde et juge de l’œil …
· Avec la pente mets une bonne coudée de plus.
Roger se déplace d’autant, croise la pointe sur l’autre, d’un coup sec tranche net.
Même chose pour les cinq autres.
Henri apporte les « longes ». On dispose en V deux barres croisées par la pointe sur une bonne demi-coudée, une longe est mise en passant un bout dans la boucle pour former un nœud coulant. Il serre très fort avec un tour mort croisé. Le reste de la corde en attente pour tenir la traverse horizontale du dessus qui est à venir. Les trois sont préparées.
Henri sort l’escabeau servant à ramasser les fruits.
· Levez jusqu’à moi le premier V et attachez dedans, la barre du dessus, dit Louis
· … C’est fait.
· Poses l’escabeau vers le bout de la barre du dessus … montes la pour que je puisse passer le deuxième V dessous
· … C’est fait.
· Levons le dernier V pour le milieu … C’est fait.
Henri sur l’escabeau attache ferme.
· Il manque deux barres pour faire jambe de force sur les côtés afin de raidir l’ensemble. … Passes les moi, je les lie et ce sera terminé.
Effectivement, dans son rudiment, ce portique ne manque pas d’allure.
Toute la famille est derrière les vitres des fenêtres pour assister à cet édifice. Pierre et Jacques à la fenêtre du bureau se demandent bien où Louis veut en venir. Mais c’est Noël, on ne peut rien faire d’autre, donc c’est bien comme cela. Ils laissent faire.
· Allez chercher les branches de pin, dit Louis, vous les coupez à la « gouya » en morceaux d’un peu plus d’une demi-coudée.
Nos deux bûcherons experts en la matière s’exécutent et réalisent le travail en deux temps, trois mouvements.
· Je prends l’escabeau, passez moi les branches.
Louis attache à la barre horizontale les bouts de branches de pin qu’il laisse pendre sur les côtés, faisant ainsi sur toute la longueur. Les V sont également recouverts de pin, dont les branches restent longues.
· Aux guirlandes maintenant !
Il met aussi, suspendue entre chaque portique, une lampe tempête à trois bougies.
· Nous les allumerons ce soir de Noël, dit-il. … Mettez le reste des branches sur le char pour le cacher un peu.
Henri rajoute :
· Ramassez les chaînes et les tendeurs, rentrez les au sec avec les autres.
Ma foi, l’ensemble a fort belle allure. Les réalisateurs regardent leur création, car s’en est une, d’un air très satisfait.
À ce moment là, sortent sur le perron les Troya. Tous applaudissent à cette nouveauté.
· Voilà qui est pour le moins original … dit Pierre en entrant avec les siens, une belle façon de fêter Noël.
Magdelaine recommande à Josette, de prévoir un Noël pas comme les autres pour tous ces hommes.
· Décidément ces « Quatre chemins » nous créent bien des surprises agréables, rajoute-t-il, en retournant au chaud. … Cette nuit de Noël, nous devons nous rendre à la messe de minuit, préparez-vous suffisamment tôt pour ne pas être en retard, surtout habillez-vous bien, car il ne fait pas chaud.
Henri, Josette et Gertrude font, pour suivre les instructions de Magdelaine, un effort particulier. Ils décident d’installer sur des tréteaux une table de fortune faite avec des plateaux de bois dont on dispose à la ferme. La table sera installée, dans la seule pièce fermée de la sellerie, en plus suffisamment grande. En sortant les chevalets sur lesquels sont installés les selles et les bâts des chevaux, la place s’agrandit encore. Ils les rassemblent au fond de la pièce et installent les tréteaux et les plateaux.
Gertrude sort d’un coffre du grenier, une ancienne nappe ne servant plus, brûlée, par une bougie, qui naguère lui tomba dessus. Elle se débrouille à cacher le trou de la brûlure, c’est très bien comme cela. Il restait dans une vielle armoire, des écuelles ne servant plus. Nettoyées, c’est parfait.
De quelques autres récupérations ils dressent une table, que les gens simples, ici présents, n’ont jamais eu l’usage pour la plus part. La tablée est grande le nombre important, Henri a fait le compte, tout le monde tiendra autour.
Des bancs sont également faits avec des plateaux posés sur des tonnelets, tout le monde doit pouvoir s’asseoir.
Henri va jusqu’aux « Grands plans », demande à Elisabeth de cuire une dinde en plus, d’au moins dix à douze livres. Elle renâcle un peu car elle est enceinte, mais va s’arranger avec Jeanne de doz, puisqu’ils doivent aller réveillonner chez eux.
Henri met sur la table, des grands pichets de vin blanc et rouge du domaine. Le vin est prévu sans limitation. Ce n’est pas Noël tous les jours, celui là doit être extraordinaire.
Tous les employés, chacun à son secteur, préparent cette nuit de Noël. On sent déjà que cela va réussir.
Henri va enfiler ses plus beaux habits, car comme chaque année il est invité à la table de famille, dont il est considéré comme faisant partie avec sa femme et son fils.
Il se fait nuit. Henri et Louis éclairent les bougies du portique. Six bougies dans une cour, c’est du jamais vu.
Les lanternes se balançant un peu au bout de leur chaînette, font bouger sur les façades, les ombres des branches et des festons des feuilles de chêne. La lumière éclairant par dessous le portique donne à la cour un effet particulier, elle paraît plus grande, encore agrandie par la tâche de lumière contrastant avec le sombre du tour de la cour.
L’heure avance, la soirée est commencée, on entend depuis la maison les hommes chantant des chansons du terroir, dont la plus part sont en patois. Les éclats de rire fusent jusqu’à la grande pièce, où toute la famille se trouve autour d’un grand feu de cheminée. Anne attend la messe avec un peu d’impatience, elle sait qu’elle doit y retrouver Renaud, il viendra au mas pour le réveillon avec ses parents.
Jacques pense à son travail, mais aussi un peu plus, il faut le dire, à sa chère Eulalie qu’il ne verra pas ce soir.
Pierre est tout simplement heureux et satisfait de cette période, venant de se passer mieux qu’il n’avait pu l’imaginer. Il a toujours eu avec Magdelaine un amour simple et réussi, le comblant intimement.
Magdelaine ressent les mêmes sentiments, voyant sa famille réussir.
Jean pense un peu plus superficiellement aux choses de la vie voyant devant lui s’ouvrir une route où un grand choix de situations lui est offert, par les études qu’il suit avec son précepteur.
Jean et Anne jouent au jacquet. Un jeu nouveau venu avec les Croisés de Jérusalem.
Jacques et son père parlent de la politique, un peu trouble entre les grands.
· Sais-tu, que Jean II le bon, nôtre roi, vient de se remarier avec Jeanne d’Auvergne. Cette nouvelle alliance, par rapport à la première, Bonne de Luxembourg, nous rapproche un peu du pouvoir, nous les Dauphinois. Mais je ne sais pas si ce pourra être un réel avantage, car la lutte, on le voit, ou plutôt on le sent, va se passer entre les Valois au pouvoir et les Bourbon voulant le conquérir … Quant aux deux enfants ils sont plus prés de la Touraine ou du Brabant surtout que nous venons de céder le Dauphiné. Il me semble quand même, que pour l’instant les Valois sont mieux placés.
Jacques écoute, avec attention, car son père a toujours fait preuve de lucidité dans les analyses politiques. Il se risque à dire que de toutes façons, les Valois étant au pouvoir depuis Eudes en 888 il serra très dur de contester ses origines, qui elles, viennent de Childéric 1ier, roi de 458 à 482.
Pierre est surpris par autant de savoir historique, surtout d’autant de précisions. Il est vrai que Jacques a reçu des frères Dominicains, créés en 1215, des spécialistes en la matière, une éducation hors du commun. En plus il est servi par une mémoire prodigieuse.
Le temps passe … Pierre entend les cloches du curé Caillat sonnant le quart d’heure avant l’office.
· Ah ! … Notre curé nous rappelle à l’ordre. Il va falloir partir.
· Un quart d’heure ! … Nous ne serons pas en retard, dit Jean.
· Pourquoi ? … Tu tiens à être en retard ?
· Non, non.
· Alors bouges-toi
Jean se lève, va chercher ses vêtements chauds. Tout le monde en fait autant.
Henri comme d’habitude veille la sortie de ses maîtres. Dès qu’il voit la porte s’ouvrir, il sort la calèche de la grange où les chevaux attendent au chaud. L’avance tout de suite en direction du portail entre le perron et le portique tout éclairé par les lanternes accrochées par Louis. La capote est en place ; sur les banquettes des couvertures en laine et en fourrures, que Gertrude a passées à Henri.
Toute la famille monte, se couvre bien les jambes et le dos, se blottissant les uns contre les autres.
Pierre prend les guides, avance en faisant passer les chevaux sous un côté du portique éclairé. Les chevaux pas habitués marquent le pas avec une hésitation, puis rassuré par leur maître les flattant de la voix, s’enfilent sous la lanterne de la partie droite.
À ce moment là, tous les employés restés au mas, sortent devant la sellerie, applaudissant en criant : Joyeux Noël ! Joyeux Noël !
On voit leur sincérité dans leurs exclamations, pour cette famille sachant aussi donner.
Les brides frappent doucement le dos des chevaux, se mettant au trot, en prenant la descente du chemin, soit sableux, soit de molasse.
Ils arrivent à la placette de l’église. Jacques couvre chaque cheval en attachant la couverture sous le ventre à l’aide des courroies prévues. Il prend dans le casier un picotin d’avoine pour les chevaux. C’est aussi Noël pour eux. Mais c’est surtout pour les réchauffer et leur faire prendre patience.
Tous se hâtent vers l’église. Pénètrent en faisant vite. Ils entrent dans leur stalle et s’assoient sur leur banc.
Voilà qui est rare remarquent-ils, les Saint Jay ne sont pas là.
Anne regarde autour d’elle, Renaud n’est également pas là !
En faite si, il est là, avec ses parents, un peu cachés au milieu des fidèles. Elle n’a pas vu le coupé dehors. C’est vrai qu’il fait nuit noire.
Par la petite porte ouvrant côté du manoir, entrent les Saint Jay au flanc de leur stalle.
La petite église est presque pleine en ce jour de Noël. Clément s’efface devant sa femme, elle entre suivit par Clément et leur fille. Le fils n’est pas là. Sa femme Laurence s’avance entre la table de communion et leur stalle, elle fait la génuflexion tournée vers le Saint sacrement puis se retourne pour prendre la grande allée. Clément s’étant incliné au même endroit, double Laurence.
À la stupéfaction des Troya, il se dirige droit sur eux, passe devant leur stalle, salue Magdelaine, Pierre, Jacques, Anne et Jean. De la main il fait signe à Laurence de venir, elle est restée arrêtée sur l’allée. Elle s’approche … à son tour, salue toute la famille.
Si nous n’avions pas été dans une église, l’assistance, aurait poussé un oh ! Ou un ha ! De surprise.
Mais non, tous les fidèles assistent à la reconnaissance par les de Saint Jay, des de Troya, même s’ils ne la recherchent pas.
Pierre le premier surpris, a senti le rose lui monter au front. Une espèce de fierté l’a envahi. C’est un très beau cadeau de Noël.
La messe de minuit, a pris une couleur qu’on ne lui connaissait pas.
Tous ces gens sont très surpris. Comme je l’ai déjà dit, pour la plus part employés de l’un ou de l’autre, connaissent parfaitement la situation couvant entre les deux maisons, et ressentent aussi, que les relations ne seront plus jamais comme avant.
À minuit précise le curé Caillat entonne le « Il est né le divine enfant », tous les fidèles le suivent. Les voûtes romanes de la chapelle église répercutent le chant. Les cœurs palpitent y compris et peut être un peu plus, celui de nôtre petite Anne sachant son bien aimé derrière elle, alors que les chœurs redoublent en puissance.
Ce fut la fin, comme toutes les bonnes choses en ont une.
Les fidèles sortent, accompagnés par leur curé. Comme toujours les groupes se forment, Renaud court vers Anne, ses parents essayant de le freiner.
Ce sont des embrassades et des joyeux Noël échangés par tous. Les félicitations des uns à Pierre, faisant semblant de ne pas comprendre, ne voulant pas s’étendre sur le sujet.
Puis on regagne la maison, suivi du coupé.
Quand les Gilot débouchent dans la cour, ils ne peuvent retenir une exclamation des trois ensembles :
· Que c’est beau !
À ce moment Thérèse dit tout bas à son fils :
· Crois moi, tu vas entrer dans une famille pas comme toutes les autres, fait tout ton possible pour y rester.
On admire du perron, l’ensemble de Louis une fois encore. Les bougies commencent à être basses, leur fin est proche. Mais demain … plutôt aujourd’hui … Louis laissera tout en place.
· Entrez et venez réveillonner dit Magdelaine …. La nuit n’est pas prête de finir.
Du côté de la sellerie, rejoignent à pied, ceux étant à la messe. Les rires redoublent, un peu aidés par les pichets du bon vin du mas du foity.
Partout dans cette maison les gens sont heureux.