La saga des troya - Saison 4 - Chapitre 16
Louis XI tient les rênes du pouvoir avec autorité, voire brio. Cependant pas sans se créer des antipathies et des ennemis, en seulement deux ans.
En 1463 il réussit l’essor de Lyon, commencé bien plus tôt comme Dauphin. Confère en même temps un développement rapide de l’artillerie et crée le premier service postal.
Petit à petit, toujours hanté par la maladie, il va rester de plus en plus à Plessis-Lès-Tours, organisant la fin de sa vie.
Le résumé de sa réussite est certainement celui-ci :
Tous ses gens, Ducs, nobles, clercs ou paysans, deviennent des sujets. L’Etat a bien forgé la Nation. Un principe insufflé par les Dauphinois et leur libéralisme, ne les quittant pas, jusqu’au bout de 1789.
Toujours issus des raisonnements Dauphinois, il va combattre la Ligue du Bien Public en 1465, fomentée par la Bourgogne sous un prétexte de réformes, gagnera la bataille de Montlhéry le 16 juillet 1465, mais doit cependant négocier avec les Bourguignons, qu’il préfère combattre à la table des négociations où il est le plus fort, plutôt que sur un champ de bataille où l’issue n’est pas forcement qu’un rapport de forces.
La France est rétablie, ses frontières élargies, il meurt à Plessis-Lès-Tours où il repose.
C’est l’avènement de Charles VIII roi de France, s’écartant malheureusement des préceptes de Louis XI, préférant les beaux jours de la noblesse.
Pendant ce temps vissés sur leur sol, les enfants et la femme de Jacpy des Troya du foity vont perdurer. Deux générations succèdent à Jacpy, perdant son père en 1393, à l’âge de 68 ans, lui en a quarante et un, respectivement nés en 1325 et 1352. De son mariage avec Marie Fayard il a eu six enfants. Quatre garçons et deux filles. Cette prodigalité, va mettre en marche un facteur inexorable : la division mathématique.
Jacpy élève sa famille comme il faut, sans trop de problèmes aux « Quatre chemins », où il a repris la maison, après le décès d’Eulalie trois ans après son mari en 1396, elle avait 69 ans. Sa sœur reste avec lui, elle est toujours célibataire à 60 ans.
Jacpy va tenir comme son père le lui a appris, cette grande propriété où il ne manque pas un seul pré ou un seul bois.
Et puis sur ce grand domaine, va s’abattre la violence des événements.
Nous sommes un jour de fin d’automne 1400, la bise noire c’est levée et souffle avec violence. La grande maison de maître est de nouveau vide, puisque Jacpy et Marie ont rejoint la maison paternelle des Quatre Chemins. Dans son petit logement le successeur d’Henri, le troisième du nom au même poste, est avec sa femme remplaçante de Gertrude, par compression des dépenses. N’oublions pas que l’on vient de traverser de grandes difficultés dans les populations.
Si ce n’est la famine, les trains de vie se sont réduits.
La France va à reculons.
La nuit du 20 novembre vers trois heures du matin, le vacher est préoccupé par le vêlage d’une vache très bonne laitière, de ce fait, elle doit être surveillée plus qu’une autre. Paul descend de sa chambre sur le bout du bâtiment de ferme, entre à l’écurie. Le vêlage n’est pas loin, le voyant, va chercher un commis pour l’aider, en cas de besoins.
Bougonnant d’être dérangé si tôt, ce n’est pas de son goût, surtout qu’il fait un froid à fendre les pierres. Tous les deux ont une lanterne à la main, dont la flamme un peu tremblante éclaire plus ou moins l’espace autour d’eux.
Paul pose sa lanterne sur le rebord de la crèche et aide Marguerite à vêler, l’opération est laborieuse, ils sont obligés de tirer le veau sans à-coups pour aider Margueritte. Etienne enjambe la rigole à purin derrière les bêtes, prend au crocher du mur où elles sont pendues, une longe qu’il choisit en bon état.
· Pose ta lanterne et viens m’aider, ça devient urgent.
Le commis s’exécute, pose sa lanterne après la rigole, sur le chemin d’écurie. Après un moment d’efforts, le veau est sur la paille fraîche, Paul le bouchonne avec des grosses poignées de paille, le tire vers le museau de sa mère qui le lèche pour finir sa toilette.
· C’est une génisse, dit Paul, si elle est comme Marguerite pour le lait, elle est ici pour longtemps.
À ce moment là, la mère allongée sur la paille, se lève un peu brutalement, d’une façon inattendue pour Paul. Elle tourne la tête d’un coup, poursuivant de lécher son veau ; se faisant, d’une corne, elle projette contre le mur la lanterne de Paul posée sur le rebord de la crèche. Les glaces se brisent, la lanterne tombe dans le fond de la crèche où reste une couche de foin sec.
La flamme de la bougie ne s’étant malheureusement pas éteinte, enflamme les brindilles de foin. La flamme s’allonge aussitôt et allume à son tour le foin du râtelier, transformé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire en embrasement, les flammes passent par le trou de service, communiquant l’incendie au fenil.
Paul détache les bêtes, les pousse vers la sortie, en criant au feu. Le commis attrape deux seilles et courre puiser de l’eau à l’abreuvoir. Le gel a glacé l’eau, une épaisseur importante, interdit tous puisages.
En quelques minutes le bâtiment est en feux.
Les flammes sortent par la porte du fenil, attisées par ce vent violent en rafales.
Le temps pour tout le monde de se trouver dans la cour, avec le peu de choses qu’ils tiennent à sauver, le feu a gagné toutes les écuries, le hangar, la sellerie ; tourne vers la maison, heureusement vide. L’incendie passe par le toit et descend les étages ; les chambres brûlent maintenant.
Les secours arrivent alertés par le tocsin sonné depuis le clocher de Quinsivet, ils ne peuvent rien faire d’autre que la part du feu.
Ils coupent à la hache la poutre faîtière qui s’effondre sur le brasier avec le reste de cette partie du toit entre les murs et le mur de refend.
Les bêtes dont plusieurs sont perdues ont été rassemblées dans le parc d’à côté.
De tout ce magnifique ensemble, il ne reste qu’un morceau de maison, un poulailler, des soues à cochons, l’écurie des chèvres, le four à pain sans toit, le reste du bûcher.
Autrement dit, rien. Presque toutes les archives du bureau sont détruites, peu de choses de ce qui a été fait là depuis des générations restent lisibles. Les seuls documents vraiment intacts sont ceux que Jacpy a montés aux Quatre Chemins pour y tirer les informations dont il avait besoin en classant le reste petit à petit.
Heureusement les autres fermes vont se partager le cheptel, même la ferme de Quinsivet, toujours tenue par un héritier mâle des Troya de quinsivet, et va contribuer par sa solidarité à alléger le désastre.
Quinsivet, est toujours tenu comme ferme, par Jacpy des Troya et ce depuis les arrangements prévus par son père au moment de la vente du manoir des Saint Jay par Jean des Troya et sa femme Eugénie, ex Saint Jay.
Mais pendant ce temps il y a encore des situations nouvelles qui se créent, jusqu’à l’arrivée des nouveaux propriétaires du manoir, monsieur et dame Falcoz, ex vigneron du Beaujolais qui souhaitent se retirer, en venant dans cette région qu’il pense pouvoir faire devenir une région viticole.
Revenons à l’incendie. Jacpy marié avec Marie a eut six enfants dont quatre garçons. Que faire de ces bâtiments brûlés, pour certains complètements détruits. C’est la question que va poser Jacpy à son fils aîné Gaspard, le successeur probable du domaine. Il a ce jour 18 ans, il vient de terminer ses études en agronomie. Nous sommes au bord de la crise économique qui suit les Marmousets, malgré la création du franc or en 1360, les choses ne sont pas brillantes.
Tant d’incertitudes et de rebondissements économiques n’ont pas arrangé la situation des possédants terriens, les prix sont déraisonnablement à la baisse, les revenus aussi.
Jacpy désespéré demande à son fils Gaspard ce qu’il en pense.
Gaspard venant de vivre ces événements en tant qu’étudiant, n’est pas très chaud pour son avenir et répond à son père :
· Pour le moment je ne crois pas qu’il faille reconstruire la maison. Je proposerais la solution suivante : Conserver la moitié de la maison épargnée, faire quelques modifications et en faire le logement du personnel n’en ayant plus, redresser l’autre moitié pour créer une écurie où ils tiendront deux ou trois vaches pour leur assurer la nourriture … Conserver pour les mêmes raisons, le poulailler et les soues à cochons d’où nous pourrons en tirer un ou deux pour notre consommation, construire avec les ruines, un hangar en face du bâtiment, faisant sur une partie fagotier pour le four à pain et bûcher pour la cheminée. C’est le moyen de sauver l’existant en conservant une activité … Et puis nous aurons de moins en moins besoin des fermes, les noyers nous imposant de construire des séchoirs plutôt que des écuries. Ce sera d’autres données.
· Tu as certainement raison … C’est la décision que nous allons prendre. Nous profiterons de l’hiver pour engager les hommes disponibles aux premiers travaux de déblaiements et le tri des matériaux utilisables.
· C’est aussi la façon la moins coûteuse engageant peu de travaux.
D’une superbe propriété, le mas Familial des Troya du foity haut, régresse à une petite maison de ferme. C’est le premier gros coup dur.
Au « Gros châtaignier » la sœur de Jacques, la tante de Jacpy est âgée de 70 ans, notre petite Anne est au bout de sa vie. Elle a survécu jusque là, grâce à sa fille restée avec elle, pour lui « faire passer le temps ».
Après tous ses malheurs, l’horloge de sa vie, a les rouages usés, le balancier hésite à repasser du tic au tac.
Le matin du 3 décembre 1400, très éprouvée par l’incendie de sa maison natale et du lieu de son très grand mariage, elle ne peut se lever.
Odile se rend compte qu’elle fait des arrêts cardiaques. Tout de suite elle lui donne des gouttes de digitale, que son médecin lui a prescrites. Mais le soutient attendu ne se fait pas ; le balancier s’arrête. Elle disparaît avec la maison de sa jeunesse, rejoint son père, sa mère et son frère Jacques.
Après 45 ans de vie commune entre mère et fille, cette déchirure devient pour Odile un abîme duquel elle ne peut remonter.
Odile décide de fermer le « Gros châtaignier », se retire au couvent, chez ces bonnes Sœurs qu’elle connaît si bien.
Elle continue, comme sa mère le faisait, d’entretenir le couvent par ses largesses.
Mais cette vie retirée du monde, ne lui convient pas. Habituée à sortir avec ses cousines et ses cousins, mais surtout avec sa mère, elle se morfond et languit.
Elle s’éteint deux ans plus tard, ne pouvant plus supporter la « solitude ».
Le « Gros châtaignier » est de nouveau orphelin. C’est Jacpy qui en hérite, suivant le testament dressé chez maître Rival III, par les deux femmes Anne et Odile. Elles souhaitent que les terres retournent à celui les lui ayant données, c’est à dire son père, ou le mas des Troya, tant recouvert de la sueur des hommes et femmes s’étant échinés sur son sol.
La maison ne reste pas longtemps vide. La grande famille de Jacpy, va par l’intermédiaire de Gaspard ayant depuis peu ses 20 ans, rallumer les feux de cette vielle bâtisse, toujours là quand même, dominant la croisée des chemins de Vinay, Varacieux, St.Marcellin, St.Vérand, au lieu-dit Luzieux. Toutes les terres de leurs ancêtres sont là, autour, ou devant à perte de vue.
La régression du monde paysan de cette longue période, ne va faire que de s’augmenter. La tendance n’est plus à la conservation des grands domaines. Les héritiers demandant de plus en plus le morcellement pour créer des surfaces seulement vivrières. Le grand élan du Moyen Âge, du savoir et de la culture des personnes, va être stoppé par des besoins d’hommes, voulant seulement garder le pouvoir, pour le pouvoir.
Mais chaque situation génère sa propre réponse. La division des terres va restreindre la production devenant distinctive et personnelle. Autant le nombre des paysans propriétaires augmente, autant le manque des produits se fait sentir. Résultat : c’est la famine des villes ne trouvant plus de quoi manger, ou a un prix inabordable pour la plus grande partie d’entre eux. La situation de plus en plus tendue, demande qu’on s’y intéresse, car les possédants eux mêmes vendent leur sol pour survivre. C’est le cercle infernal.
Vers 1461, Louis XI va réaliser l’application de sa politique expliquée plus haut, générant la situation possible, de ce que l’on va appeler historiquement, « Le Beau XVI ième Siècle » prenant fin vers 1560. Mais en attendant que se fasse sentir l’effet jusqu’au monde provincial, que faire ?
À la ferme de doz, Etienne et sa femme Jeanne ont également disparus.
Ils laissent derrière eux, une vaste pépinière de noyers, pour la plus part greffés en bonnes variétés.
Ceux qu’a plantés Etienne pendant son fermage à Doz, ont atteint leurs cinquante ans, le plus bel âge pour un noyer. Toutes les plantations faites dans le fond des pentes sont en plein rapport. Ces arbres viennent sauver le domaine par leurs revenus importants, devenant pour Jacques d’abord, et Jacpy à la suite, la planche de salut, faisant la base de ses recettes avec eux.
Il fallait y croire, Pierre en son temps y a cru, ses héritiers sont sauvés par cette sage décision de laisser planter Etienne toutes ces parcelles.
Aujourd’hui, ces noix sont ramassées par balles. Tant et si bien que ce commerce va devenir une spécialité Grenobloise, finissant par donner son nom aux fruits eux mêmes : les noix de Grenoble. Alors que l’on sait très bien que le biotope des noix est St.Marcellin et Vinay. Seul Noyarey dont le nom est à l’origine de l’appellation, est voisine de Grenoble, mais certainement pas les noyers.
À Varacieux tout bouge également, le père et la mère de Marie Fayard femme de Jacpy, sont également décédés. L’affaire de négoce qu’ils ont étendue à la région, c’est retrouvée sans personne à sa tête. Le frère de Marie ayant fait par ailleurs son « trou », n’en veut pas et sa sœur mariée à un charpentier menuisier, n’en veut pas non plus.
Le frère aîné de Marie Fayard, joue sur la finance et cherche à devenir rentier. Il y parviendra rapidement grâce à son sens aigu des placements boursier, « inventés » par Louis XI.
Ces choix si différents vont déterminer le début d’une autre direction pour les des Troya des « Quatre chemins ».
Marie la mère de Jacpy, (Jacques 2) propose à son frère et sa sœur de racheter pour son fils Edouard, les parts leurs revenant, de les payer en argent comptant.
Le frère et la sœur Fayard visent plus le liquide qu’autres choses. Les arrangements sont vîtes trouvés et le sacro-saint notaire de St.Marcellin maître Rival, couche sur un acte, cette succession, faisant d’Edouard le premier négociant de la famille, en cette année 1405. À deux pas des amis de toujours, les de La Porte marquis. Cet emplacement va avoir son importance.
Les des Troya se multiplient avec une telle rapidité, qu’ils doivent encore « émigrer » de leur petite région. Cela pour les fils ou les filles les plus jeunes, ne pouvant prétendre à rester sur les terres du père, (Le droit d’aînesse), car il y a plusieurs centaines de personnes qui portent le nom des Troya sur quatre à cinq paroisses.
Cette nouvelle configuration entraine des changements profonds chez les des Troya, qui s’envahissent eux-mêmes sur les terres, offrant à la plus part de ceux qui restent, des emplois subalternes.
Certains dont les plus aisés, décident de trouver un moyen de se différencier entre eux. Les premiers trouverons un moyen simple d’ajouter comme ils en ont encore le droit, un D majuscule à des Troya, qui devient Des Troyat, en ajoutant le t final, forme plurielle dans le langage utilisé en Dauphiné. (Nous savons depuis le début de cet ouvrage comment se sont créées ces possibilités entre le XVI et le XVII ième siècle, en se reportant « Aux Origines », vous trouverez les détails).
Les garçons visent, pour certains, des carrières militaires. C’est le cas à Paris, c’est aussi le cas à Murinais village où s’est installé, un retraité de l’armée, en achetant une maison pas très loin de l’église et du cimetière attenant.
Ce capitaine retraité est le fils du petit fils d’Edouard des Troya le premier négociant de la famille à Varacieux. Il revient des guerres menées par François Ier roi de France, dont la victoire de Marignan en 1515, restera très célèbre. C’est à l’artillerie qu’il fait carrière pendant les guerres faites contre Charles Quint et quelques autres.
À Murinais ce lieutenant artilleur, capitaine à la retraite, s’est retiré avec sa femme, née Pascal à St.Marcellin, avec laquelle il a eut une fille mariée avec un Rubichon, dont le père est un précepteur laïc à Lyon. Son père alors lieutenant d’artillerie au casernement de la Douât, où il y a fait toute sa carrière, possède son logement en ville. Sa fille aînée, restera à Lyon à l’appartement paternel, devenant un pôle attractif de la grande ville, pour le reste de la famille plus « campagnarde ». Une jonction se créera presque automatiquement entre le père habitant Murinais et les frères, neveux et cousins, encore autour de lui et ne manquant pas.
Un des frères d’Edouard se prénommant Gaspard né vers 1480, qui lui se mariera avec une fille de « grande famille », en tous cas dans cette région, issue d’une famille Valours de L’Oursière un lieu-dit entre Murinais et Roybon. Cette fille Henriette du prénom du bon roi Henri, est restée seule descendante des Valours. Nous ne savons pas pourquoi. Maladies ou guerres. Son père riche propriétaire de terres et de forêts sur le versant des Chambaran côté plaine de Bièvre, voit avec bon œil ce mariage. Il exige cependant que son nom soit représenté dans le nom commun de sa fille et de son gendre. Gaspard, qui n’a pas trop de terres, accepte en même temps que son père. En plus le nom se valorise d’une particule du père d’Henriette, qui se nomme Sir de Valours, une petite noblesse de paysannerie de la Bièvre, dépendant du Comte de Brion.
Ce mariage à lieu à L’Oursière une belle gentilhommière très Dauphinoise. La noce est des plus belles, en renouant avec le passé des Troya du Foity et des Quatre chemins.
Les jeunes époux porteront donc le nom de : Des Troyat de la Valoursière à partir de 1505 et certainement un peu avant.
Valoursière induisant en un seul nom, les Valours et L’Oursière.
Ce mariage représente un tournant dans les relations des Troyat et des Troya. Les familles vont un peu se distendre, les uns n’acceptant pas cette modification de leur nom, mais ils devront bien faire avec. Par contre, ce nouveau nom si l’on peut dire, va créer des horizons biens différents à ceux qui vont le porter.
Plusieurs enfants le porteront, dont un premier fils : Eymard né vers 1525 et un deuxième Jean né vers 1527, plus une fille Lucile, et une autre Noémie. Les Des Troyat, écrit d’une façon ou de l’autre, ont une réputation régionale qui n’est plus à faire. Ce nouveau départ, ouvre les portes dans tous les domaines. La première à se marier sera Lucile, qui épousera un notaire Gerboud de St.Marcellin. Sa sœur Noémie, plus âgée épousera Jullin, marchand et négociant de St.Marcellin, une assez grosse fortune dont la famille habite Chasselay.
Jean épousera la fille du notaire Botut, une famille de notaire officiant sur plusieurs paroisses, dont Nerpol, à côté de Serre.
Eymard restera assez longtemps seul, ne trouvant pas chaussure à son pied comme il disait, mais finit de la trouver pas très loin à Varacieux comme fille d’un important propriétaire, dont une partie venait des anciennes terres des Troya, vendues par succession. Un retour aux sources.
La chose est sûre, on voit bien, qu’à part Eymard, la terre est oubliée au bénéfice d’autres situations nettement différentes et libérales. Mais le notariat n’entrera, chez les Des Troyat, pas seulement par cette branche, nous le verrons plus loin.
Nous sommes en 1565, à Paris c’est le début de la construction des Tuileries commandée par Catherine de Médicis à l’architecte Delorme. Ce prolongement du Louvre, va remanier le quartier.
Traversons le temps depuis 1450, nous sommes en 1565. La Bourgogne est enfin rattachée à la France depuis 1482. La fin du beau siècle s’annonce. Ce n’est plus la terre qui est menacée, mais l’argent.
1522 verra se créer une institution du trésor pour la vente des offices. Une ressemblance frappante avec la politique actuelle. (On vend pour faire « des sous, les biens Nationaux »).
Suit immédiatement, une crise financière avec l’émission du premier emprunt d’Etat ayant existé, dans le but de calmer la crise en offrant des capitaux à ceux qui désirent « monter » des entreprises.
La bourse de Lyon créée en 1543 réunira des capitaux Dauphinois, dont Louis XI a connu en son temps toute l’importance. On débouche sur un contrôle du commerce et des prix, l’écu va remplacer la livre tournois dès la fin « Du Beau XVI ième siècle ».
Si on analyse bien, on s’aperçoit que nos Enarques n’ont rien inventés !
Sur cette distance, tous les acteurs de cette Saga, succèdent à leurs aînés deux fois. Deux générations défilent, marquant comme une pose sur les bases acquises.
Depuis la montée de Maximes et Jeanne, au Faubourg Saint Honoré, ils ont eu bien des épreuves à surmonter. À la mort de Louis XI, les affaires tombent à presque rien, mais leur situation financière reste bonne. Grand bien leur fut, car ils devront se diversifier pendant les cinq générations allant se succéder.
À St.Marcellin, les chamoiseurs continuent leur travail, ajoutant aussi les branches nécessaires à leur survie, qui ira de paire avec celle de Paris.
Des des Troya, vont se fixer dans le commerce extérieur, la finance, la comptabilité, le droit, la médecine. Nous verrons plus en détails dans les années à venir ces des Troya prospérer dans ces diverses catégories.
Pour cela nous reviendrons aux sources, c’est-à-dire la paroisse de Quinsivet, qui prend autour d’elle une renommée, se traduisant par un soutien des plus grands des alentours. Nous verrons pourquoi.
En 1565 naît au « Quatre chemins », Pierre de Troya de nouveau le même prénom, (Pierre 2) il va se marier en 1586 avec une fille des Périères des Chevrières, fille de noblesse Dauphinoise.
À ce sujet il faut ajouter un fait nouvellement acquis, la situation géographique des Périères de Grand Maison, qui se situe vers Brion et les bois de Chambaran et de St.Siméon de Bressieux, amène Pierre 2 à devenir voisin de terres d’un Saint Jay par son mariage, il faut bien le dire assez mauvais coucheur. Va s’éterniser un procès entre eux deux, ne voyant guère de fin. Ce procès aura le mérite de situer les propriétés limitrophes les unes des autres, permettant aujourd’hui d’y voir un peu plus clair sur l’ensemble de la propriété des Quatre Chemins et du Foity.
Grand Maison avait épousé une femme des Périères de Chevrière, les deux familles rajoutant comme il est courant de le faire, le titre de l’un avec l’autre. C’est ainsi que Périères sera associé à Grand Maison, donnant en réunion Périères de Grand Maison.
Cette ferme déposera une contestation de bornage qui durera des années, comme il est décrit au tout début de cet ouvrage, dans la partie « Origines ».
Il n’empêche que ce couple va s’aimer d’amour tendre en fondant une famille nombreuse.
Ils vont avoir plusieurs enfants, (Un autre Gaspard que celui de la branche Des Troyat de la Valoursière), Gaspard né en 1587, devient curé de St.Vérand de 1622 à 1631, puis, naîtra un fils en 1589, puis un autre en 1595. Le deuxième fils né en 1589 épouse Aude Chapuis, elle accouchera en 1602 d’une fille prénommée Anne (de troya). (Archives de Quinsivet, mairie de St.Vérand). Nous fermons la boucle.